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qui travailloient sous luy, et par Galilée qui commençoit à paroître. La chronologie par Scaliger.

La geographie par Ortelius, et Merula aprés Mercator qui n’étoit mort que depuis deux ans : et la mechanique avec ses especes par Stevin. Mais nous n’en pouvons pas dire autant de l’optique, et de la musique, dont il semble que l’heure ne fût pas encore venuë.

Les progrez de la veritable médecine n’étoient pas si considérables à la naissance de M Descartes que ceux des mathématiques. Ceux qui la professoient, ou qui en écrivoient alors, n’avoient pas encore les lumieres que l’on a reçuës depuis pour pouvoir avancer dans la connoissance d’une science si necessaire.

La jurisprudence avoit été florissante pendant l’espace presque entier de ce siecle, et particuliérement en France : mais elle paroissoit un peu déchuë depuis la mort de Cujas, et de Hotman. Elle se soûtenoit encore neanmoins sur la capacité des deux Pithou, dont l’aîné mourut cette même année, sur celle de Du Faur De Saint Jory, de Barclay le pere, et des principaux magistrats du parlement de Paris, qui pour lors étoient gens de lettres pour la plûpart.

Enfin la theologie regnoit alors parmi les autres sciences, par le ministere d’un Bellarmin, d’un Estius, d’un Du Perron, et par celuy des facultez de Paris et de Louvain. Elle étoit encore sous la vexation de Béze et de Hunnius parmi les protestans de l’une et l’autre secte.

Voilà quel étoit à peu prés l’état des lettres au temps de la naissance de M Descartes. Mais on peut dire qu’elles souffrirent une grande diminution par la mort qui arriva cette même année à diverses personnes de marque qui en faisoient profession. Le nombre de ceux que Dieu fit naître en même temps pour remplir ce vuide, auroit été trop petit pour réparer la perte de tant d’excellens hommes, si M Descartes n’eût suffi seul pour plusieurs.