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pour la tangente de la roulette, il n’avoit point trouvé qu’elle valût rien en aucune des façons que ce pére la luy avoit envoyée ; qu’elle pourroit être bonne d’ailleurs sans croire néanmoins qu’il l’eût trouvée de luy même indépendemment de celle de M De Fermat, et de la sienne ; qu’il étoit aisé de déguiser une même construction en cent façons ; et que s’il étoit vray qu’il l’eût trouvée, il auroit fait en sorte du moins que sa démonstration s’accordât avec sa construction.

M De Roberval trouva la plûpart des mathématiciens de Paris plus faciles à la persuasion, que ni M Descartes ni M De Fermat. M De Beaugrand que le mauvais succez de sa géostatique et de ses discours contre M Descartes n’avoit pas entiérement exclus de leur nombre crut qu’il y alloit de sa réputation à prendre quelque part à une question si fameuse.

L’année 1638 n’étoit pas encore achevée qu’ayant ramassé les solutions du plan de la roulette dont M De Roberval avoit eu soin de faire multiplier les copies à la main, avec l’excellente méthode de M De Fermat son ami, de maximis et minimis, il envoya l’une et l’autre à Galilée en Italie, sans en nommer les auteurs. Il est vray qu’il ne dit pas précisément que cela fût de luy : mais, selon la remarque de M Pascal, il écrivit de sorte, qu’en n’y prenant pas garde de prés, il sembloit que ce n’étoit que par modestie qu’il n’y avoit pas mis son nom. Et pour déguiser un peu les choses, il changea les prémiers noms de roulette et de trochoide , dont l’un étoit du P Mersenne, et l’autre de M De Roberval, en celuy de cycloide , qui étoit de sa façon. Ce qui, selon M De Roberval, n’étoit pas fort extraordinaire à M De Beaugrand, qui ne faisoit point difficulté de s’attribuer les inventions et les travaux des autres, en changeant quelques termes et supprimant leur nom.

Mais pour suppléer à une omission de M Pascal, nous dirons sur la foy du même M De Roberval, que M De Beaugrand s’étant rendu propriétaire de la démonstration de la roulette faite par M Descartes, ne fit autre chose que la copier de sa main telle qu’il l’avoit reçûë du P Mersenne, et l’envoya en même têms à Galilée comme s’il en eût été l’auteur ; de sorte qu’il devint tout à la fois plagiaire de M De Roberval, de M