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ue contenoit quelque chose qui valût la peine qu’on le vît, il croyoit qu’il seroit plus à propos de l’insérer dans le recueil des objections qu’on luy avoit faites jusques-là et qu’on devoit luy faire dans la suite. En effet, ce recueil ne devoit être qu’un ramas de toutes sortes de matiéres : et son dessein étoit de le faire imprimer volume à volume à mesure qu’il verroit grossir les matiéres, tant des objections des autres, que de ses réponses et de ses autres écrits volans.

Quelques mathématiciens sectateurs de M Descartes ont crû que cét écrit de la géostatique étoit fondu dans la cellule du P Mersenne, et que ce pére pour avoir refusé de le communiquer aux envieux de M Descartes, sembloit avoir innocemment contribué à la perte que le public en auroit faite, dans la supposition que les amis à qui il l’avoit fait lire, le luy auroient remis entre les mains, sans en avoir pris copie. Mais il paroît que cét écrit n’est autre que celuy que nous trouvons imprimé au prémier volume des lettres de M Descartes touchant la question de sçavoir, si un corps pése plus ou moins étant proche du centre de la terre qu’en étant éloigné . On n’aura presque point lieu d’en douter, si l’on remarque que cét écrit est l’effet de la promesse qu’il avoit faite dix jours auparavant, c’est-à-dire, vers le milieu de juillet à M Des Argues et au P Mersenne, de leur envoyer un examen ou dissertation de la question géostatique par le prémier ordinaire d’aprés celuy par lequel il leur envoyoit son sentiment sur la géostatique de M De Beaugrand. Quelques cartésiens de nos jours ont crû que cét écrit étoit véritablement la statique de M Descartes, et ils semblent avoir voulu confondre le genre avec son espéce : mais M Descartes leur en a donné l’exemple en se servant de la même expression en quelques rencontres, et même en d’autres occasions d’un terme encore plus général pour appeller ce traité son petit écrit de méchanique . Nous avons vû que M Descartes pour ôter au P Mersenne l’envie de le faire imprimer s’étoit servi du prétexte qu’il n’étoit pas achevé. En effet, il s’endormit sur la fin, de sorte que s’étant allé reposer, il fit transcrire l’écrit le lendemain au matin, et l’envoya à la poste pour Paris sans le relire, et sans songer qu’il n’avoit pas fini.