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commises par inadvertance, sans toucher aux principales raisons de l’auteur. Mais je vois maintenant que ces principales raisons, que je supposois devoir être dans son beau livre, ne s’y trouvent point. Et quoique j’aye vû beaucoup de quadratures du cercle, de mouvemens perpétuels, et d’autres semblables démonstrations prétenduës qui étoient fausses, je puis dire néanmoins avec vérité que je n’ay jamais vû tant d’erreurs jointes ensemble en une seule proposition.

Dans les paralogismes des autres on a coutume de ne rencontrer rien d’abord qui ne semble vray, en sorte qu’on a de la peine à remarquer entre beaucoup de véritez quelque petit mélange de fausseté, qui est cause que la conclusion n’est pas vraye. Mais c’est icy le contraire. On a de la peine à remarquer aucune vérité sur laquelle cét auteur ait appuyé son raisonnement : et je ne sçaurois deviner autre chose qui luy ait donné occasion d’imaginer ce qu’il propose, sinon qu’il s’est équivoqué sur le mot de centre

et qu’ayant oüi nommer le centre d’une balance aussi bien que le centre de la terre, il s’est figuré que ce qui étoit vray à l’égard de l’un, le devoit être aussi à l’égard de l’autre, d’où il est tombé dans un trés-grand nombre de fautes grossiéres… en général, on peut dire que tout ce que contient ce livre de géostatique est si peu de chose, que je m’étonne que les honnêtes gens aient jamais daigné prendre la peine de le lire : et j’aurois honte de celle que j’ay prise de vous en marquer mon sentiment, si je ne l’avois fait à vôtre priére. Je sçay que de vôtre côté vous ne me l’avez demandé qu’à dessein de me faire dire mon opinion de la matiére que l’auteur y traite, sans vous soucier beaucoup de la maniére dont il l’a traitée.

Mais c’est un sujet qui mérite bien que j’y employe quelqu’une de mes meilleures heures, au lieu que je n’en ay donné à celuy-cy qu’une de celles que je voulois perdre. C’est pourquoy j’aime mieux vous l’envoyer séparément au prémier voyage.

Pour ne point manquer à sa parole, il travailla incessamment à l’éxamen qu’il avoit promis à ces deux amis de la question géostatique en elle-même ; et il en fit un petit traité qu’il leur envoya vers le Xxii, ou Xxiii jour du mois de juillet. Le P Mersenne en fut si content qu’il luy en récrivit le prémier