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ristote. C’est ce qui a contribué à augmenter l’estime que M Morin témoigne avoir pour vous. C’est aussi ce dont j’assûre toûjours ceux qui trompez par la netteté et la facilité de vôtre stile, que vous sçavez rabaisser pour le rendre intelligible au vulgaire, croyent que vous n’entendez point la philosophie scholastique : mais je leur fais connoître que vous la sçavez aussi bien que les maîtres qui l’enseignent, et qui paroissent les plus enflez de leur habileté.

M Morin craignant de perdre quelque chose de sa réputation, s’il se contentoit de ce qu’avoit fait le P Mersenne en écrivant à M Descartes pour le remercier simplement au nom des deux, ne laissa point d’examiner ensuite sa réponse dans la pensée d’y trouver de la matiére à une replique. Il repliqua en effet dés le Xii jour du même mois : et nous avons encore ce second écrit inséré au premier tome des lettres de M Descartes, et suivi d’une nouvelle réponse que M Descartes y fit dés le mois de septembre avec une diligence qui le surprit, mais qui luy fit connoître qu’il avoit de la considération pour luy. M Morin feignit de n’être pas entiérement satisfait de cette seconde réponse, et il en prit occasion de luy faire une nouvelle replique au mois d’octobre, afin de se procurer l’honneur d’écrire le dernier. M Descartes toûjours fort éloigné d’ambitionner une gloire si fausse, acheva de reconnoître à cette marque le caractére de l’esprit de M Morin. Il ne voulut pas luy refuser la satisfaction qu’il souhaitoit de luy, puis qu’elle luy coûtoit si peu. C’est pourquoy il manda au P Mersenne vers le milieu du mois de novembre qu’il ne feroit plus de réponse à M Morin puisqu’il ne le desiroit pas. D’ailleurs il n’y avoit rien dans le dernier écrit de M Morin, qui pût luy donner occasion de répondre quelque chose d’utile ; et cét ouvrage n’avoit servi qu’à luy faire remarquer qu’ils étoient encore plus éloignez de sentiment sur la lumiére, sur le mouvement de la terre, et sur la disposition des cieux, qu’ils n’étoient au commencement de leur dispute.