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bjections contre sa dioptrique, afin que si elles en valoient la peine, il pût répondre à l’un et à l’autre tout à la fois. Mais que pour ce qu’il avoit écrit de Dieu, il craindroit qu’on ne se mocquât de les voir disputer l’un contre l’autre sur cette matiére, vû qu’ils n’étoient ny l’un ny l’autre théologiens de profession.

M Petit s’étant mieux instruit dans la suite ne demeura pas long-têms parmi les adversaires de M Descartes. Non content de devenir son ami il se rendit son partisan et son défenseur : et M Descartes ayant appris qu’il prenoit goût à sa méthaphysique qu’il donna deux ans aprés, considéra ce bon effet comme une vraye conquête, et il ne pût s’empêcher de dire à son sujet lorsque le P Mersenne luy en manda la nouvelle, qu’il y a plus de joye dans le ciel pour un pécheur qui se convertit, que pour mille justes qui persévérent .

La dispute que M Descartes eut avec M Morin professeur royal des mathématiques à Paris, luy donna plus d’exercice que celle de M Petit, mais elle le fatigua moins que celle de M De Fermat. Elle commença le Xxii jour de février de l’an 1638 par des objections que M Morin luy fit sur la lumiére.

Elles se trouvent imprimées au prémier tome des lettres de M Descartes : et l’on peut dire qu’elles méritoient le plus d’être conservées à la postérité de toutes celles qui ont été formées contre les nouvelles opinions. Aussi M Descartes les jugea-t’il dignes de considération dés qu’il les eût reçûës, et préférables à celles de M Petit pour leur solidité, et pour la nature de leur difficulté. Il en écrivit plus d’une fois au P Mersenne pour luy faire témoigner de sa part à M Morin, que non seulement il avoit reçû son écrit en trés-bonne part ; mais qu’il luy avoit encore obligation de ses objections, comme étant trés-propres à luy faire rechercher la vérité de plus prés ; et qu’il ne manqueroit pas d’y répondre le plus ponctuellement, le plus civilement, et le plûtôt qu’il luy seroit possible. M Morin luy avoit marqué qu’il trouveroit fort bon que ses objections fussent imprimées. M Descartes luy promit de faire en sorte qu’elles le fussent avec la réponse qu’il y feroit aux conditions qu’il souhaiteroit. Il offrit même d’envoyer sa réponse en manuscrit à M Morin, afin qu’il y pût changer ou retrancher ce qu’il jugeroit à propos