Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/406

Cette page n’a pas encore été corrigée

t sur M De Roberval ne permettoient pas que ny M Descartes, ny ceux qui avoient l’honneur de connoître cét illustre magistrat, eussent cette pensée de luy. Ils sçavoient assez que le stile de la langue ou de la plume n’étant que l’expression de l’ame, M Pascal auroit choisi pour écrire contre M Descartes des maniéres plus conformes à luy-même. Le mérite de cét homme se faisoit déja reconnoître alors par bien d’autres endroits que par celuy des mathématiques. Les qualitez qui composent et qui perfectionnent le magistrat et l’homme-de-bien, le faisoient déja considérer comme une personne dont on ne devoit point borner les services à sa province : et M Descartes qui n’avoit pas le discernement mauvais n’hésita point à se flater de son amitié dans le têms même qu’il le voyoit engagé dans le parti de ses adversaires. M Pascal étoit de Clermont en Auvergne et de l’une des bonnes maisons de la province. Son pére avoit été trésorier de France à Riom ; et sa mére qui portoit pareillement le surnom de Pascal étoit fille du sénéchal d’Auvergne à Clermont. Il étoit de huit ans plus âgé que M Descartes, et il mourut un an aprés luy. Il avoit un fils qui ne contoit encore alors que la quinziéme année de sa vie, qui se distinguoit déja parmi les vieux mathématiciens, et qui eut part ensuite à l’estime et à l’amitié de M Descartes.

L’éducation de ce fils avoit servi de motif au pére pour quitter la province aprés avoir fait passer sa charge de président à l’un de ses fréres, et pour se retirer à Paris comme en un lieu favorable à ses desseins. Ils luy réüssirent si bien, qu’aprés avoir mis ce fils en état d’effacer les autres, il en fut effacé luy-même.

M Descartes supposoit que le P Mersenne auroit envoyé sa réponse sur le traité de maximis et minimis à M De Fermat : et il fut surpris d’apprendre par une lettre de ce pére datée du 8 de février qu’il avoit différé de la luy envoyer, sur ce que deux de ses amis luy avoient dit qu’il avoit erré en quelque endroit. En quoy il vid un nouveau trait de la crédulité ordinaire du pére, qui avoit été assez bon pour se laisser persuader par les amis de sa partie à son préjudice ; et qui ne s’étoit point apperçû qu’ils ne le détournoient que pour gagner du têms, et pour l’empécher de laisser voir sa réponse