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ermat persuadé qu’il manquoit quelque chose à ses objections sur la dioptrique de M Descartes pour les mettre hors d’atteinte, ne doutoit nullement qu’il ne se servît de son avantage pour y répondre. C’est ce qui luy fit mettre dés-lors sa ressource dans l’espérance d’une replique, où ce qu’il auroit à dire fût mieux digéré que la prémiére fois. Mais dans l’intervale du têms qu’il avoit fallu à ses objections pour aller de Toulouse à Paris et de Paris à Egmond en Nord-Hollande, il reçût la géométrie de M Descartes par les soins du P Mersenne : et ayant lu ce traité, il luy envoya en diligence par le même pére son écrit de maximis et minimis sous le nom de M De Carcavi, qui étoit alors son confrére au parlement de Toulouse, qui avoit été jusques-là le confident de ses études, qui fut aprés sa mort le dépositaire de ses écrits, et qui a été depuis conseiller au grand conseil et garde de la bibliothéque du roy jusqu’à la mort de M Colbert. Ce présent que M De Fermat faisoit à M Descartes n’étoit pas seulement une marque de son estime et de sa reconnoissance, mais encore un avertissement de ce qu’il croyoit que M Descartes avoit oublié sans y penser, ou omis mal à propos dans sa géométrie. M Descartes fut prié de la part de l’auteur de l’examiner avec autant de liberté que M De Fermat en avoit pris touchant sa dioptrique. Cela fit un nouvel incident dans la querelle que M De Fermat avoit innocemment excitée, et qu’il croyoit être en état de terminer dans peu de jours. Mais il ne luy fut pas aisé d’étindre ces prémiéres étincelles.

Le feu de la dispute prit de grands accroissemens par le zéle de ceux qui voulurent y entrer ; et elle roula toute dans la suite sur deux points importans, dont l’un regardoit la dioptrique, et l’autre la géométrie.

Voila le sujet de cette fameuse querelle, qui a duré même au delà de la mort de M Descartes. Voila ce que M De Fermat appelloit sa petite guerre contre M Descartes

et ce que M Descartes appelloit

son petit procez de mathématique contre M De Fermat .

L’ecrit latin de M De Fermat, intitulé de maximis et minimis, et de tangentibus, avoit été fait pour servir non seulement à la détermination des problêmes plans et solides ; mais encore à l’invention des tangentes ou touchantes