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L’imprimeur de Leyde avoit procuré par ses longueurs de l’éxercice à la patience, je ne dis pas de M Descartes, mais des mathématiciens de Paris, à qui le P Mersenne avoit donné avis de l’impression de ses essais dés le commencement de l’an 1636. La seule dioptrique avoit gémi plus d’un an sous la presse. M De Beaugrand l’un des plus curieux et des plus impatiens, avoit aposté quelqu’un à Leyde pour luy en envoyer les feuilles à mesure qu’on les imprimoit. Par ce moyen il se trouva pourvû d’un éxemplaire avant que M Descartes eût eu la commodité d’en faire tenir à ses amis du prémier ordre. M De Beaugrand l’ayant parcouru se hâta de l’envoyer à Toulouse par la voye de Bourdeaux, pour le faire lire à M De Fermat conseiller au parlement de Languedoc, qui avoit témoigné une passion plus qu’ordinaire pour voir ce qui viendroit de la plume de M Descartes. Le P Mersenne ayant sçû ce qu’avoit fait M De Beaugrand écrivit à M De Fermat, pour luy faire connoître les intentions de M Descartes à l’égard de ceux qui liroient ses ouvrages, et qui seroient capables d’y former des difficultez et des objections pour éclaircir les véritez. Il ajoûta qu’on ne le dispenseroit point de rendre ce service à M Descartes, puis qu’il en étoit trés-capable ; et il luy demanda en particulier son sentiment sur sa dioptrique ; en récompense de quoi il luy promit les autres traitez de M Descartes qui devoient paroître incessamment.

Ce pére connoissoit