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une personne de sa sorte. Ce n’étoit point par une modestie de contre-têms qu’il résistoit aux intentions de ces Messieurs : c’étoit par la crainte qu’on ne réussit mal en son absence, et qu’on ne rejetât ensuite sur luy même les fautes des ouvriers. Car il croioit que sa présence étoit nécessaire pour diriger la main des Tourneurs, et leur donner de nouvelles instructions à mesure qu’ils avanceroient ou qu’ils manqueroient. Il donna avis de ce qui se passoit à Paris sur ce sujet à Messieurs de Zuytlichem et de Pollot. Il manda au prémier qu’il avoit tout lieu de bien espérer du Tourneur qu’il luy avoit envoyé tant pour son habileté que pour son affection au travail ; qu’il iroit volontiers à Amsterdam exprès pour voir ses modèles, et pour luy faire comprendre tout ce qu’il y auroit à observer ; et que si le Tourneur en venoit à bout, il feroit son possible auprès de ses amis de Paris pour luy faire obtenir un privilège exclusif, qu’il n’y auroit que luy qui pût vendre de ces lunettes en France. Cependant il se sentit tellement obligé à M. des Argues pour ses bons offices, et pour d’autres services encore qu’il luy avoit rendus depuis sa retraite en Hollande, qu’il luy fit offrir tout ce qui dépendroit de luy pour les reconnaître : et voulant entrer dorènavant en commerce de lettres avec luy, il pria le P. Mersenne de luy mander ses qualités et son addresse, parce que ne s’étant pas vus depuis le siège de la Rochelle, il ne s’étoit point avisé de s’informer de ce qui le regardoit.