Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/387

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’étoit guéres plus âgé que M Descartes.

Il n’y avoit que dix-huit mois qu’il avoit fait les quatre vœux solennels dans la compagnie. Il se dégoûta depuis de la profession des sciences humaines, et son zéle pour la propagation de l’evangile luy fit demander la mission pour la Chine, où ses supérieurs luy permirent d’aller prêcher : mais il mourut en Portugal l’an 1648. M Descartes n’avoit aucune habitude avec ce pére : mais ayant appris de Plempius qu’il avoit entrepris la lecture de son livre, il manda à celuy-cy qu’il seroit fort aise que ce pére voulût y faire ses remarques, et les mettre par écrit : parce, dit-il, qu’il n’étoit pas à croire qu’il pût rien venir que de bon et de bien concerté d’aucun de cette compagnie ; et que plus les objections qu’on luy proposeroit seroient fortes, plus elles luy seroient agréables.

En effet, n’ayant point d’autre passion dans tout ce qu’il écrivoit que de découvrir la vérité, et ne se croyant pas capable seul d’en venir à bout, il cherchoit pour ainsi dire des adversaires plûtôt que des approbateurs, afin que l’obligation de leur répondre et d’examiner leurs objections le rendît de plus en plus exact, et luy ouvrît les yeux sur ce qu’il n’auroit pû découvrir auparavant. Je souhaite, témoignoit-il à M De Zuytlichem, que plusieurs m’attaquent de la même maniére qu’ont fait M Fromondus, le docteur Plempius, et quelques autres ; et je ne plaindray pas le têms que j’employeray à leur répondre, jusqu’à ce que j’aye dequoy en remplir un volume entier. Car je me persuade que c’est un assez bon moyen pour faire voir si les choses que j’ay écrites peuvent être réfutées ou non. J’eusses désiré sur tout que les rr. Pp. Jésuites eussent voulu être du nombre des opposans : et ils me l’avoient fait espérer par lettres de La Fléche, de Louvain, et de Lille. Mais j’ay reçû depuis peu une lettre de l’un de ceux de La Fléche, où je trouve autant d’approbation que j’en sçaurois desirer de personne, jusqu’à m’assûrer qu’il ne desire rien en ce que j’ay voulu expliquer, mais seulement en ce que je n’ay pas voulu écrire : d’où il prend occasion de me demander ma physique et ma métaphysique avec grande instance. Et parceque je sçay la correspondance et l’union qui est entre ceux de cét