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touchant divers endroits de sa méthode, de sa dioptrique, et de ses météores. Il addressa sa réponse à Plempius pour la faire voir à Fromond, et le pria de luy faire sçavoir s’il en auroit été satisfait aprés l’avoir lûë, et s’il n’auroit rien à repliquer pour demander quelque nouvel éclaircissement. Nous avons cette réponse traduite du latin en nôtre langue au second tome de ses lettres.

Plempius ne l’eût pas plûtôt reçûë qu’il la fit voir à Fromond, et manda ensuite à M Descartes ce qu’il avoit fait. M Descartes fut surpris d’apprendre que sa réponse eût donné occasion à Fromond de croire qu’il auroit été un peu picqué de son écrit, à quoy il n’avoit pourtant nullement songé. Il s’étoit seulement contenté d’imiter son stile, et de luy rendre une partie des expressions qu’il avoit employées dans cét écrit : en quoy il fut obligé de forcer son inclination pour se rendre plus conforme à luy. Il s’étoit imaginé que Fromond qui étoit accoûtumé à la pratique des écoles de philosophie et de théologie pour les exercices, et à la controverse contre les protestans, avoit voulu donner un air de dispute aux questions dont il s’agissoit entre eux : et ce n’avoit été que pour l’obliger, et pour condescendre à ses maniéres qu’il s’étoit assujetti à luy répondre en stile scholastique, contre son humeur et sa coutume ; de peur, dit-il à Plempius, qu’en soûtenant son effort trop lâchement et avec trop de mollesse, ce jeu luy fût moins agréable. Et comme ceux qui se font la guerre aux échecs ou aux dames n’en sont pas pour cela moins bons amis, continuë-t-il, jusques-là même que l’addresse en ce jeu est souvent la cause où l’occasion de l’amitié qui se contracte, et qui s’entretient entre plusieurs personnes : ainsi j’ay tâché de mériter sa bien-veillance par ma réponse.

M Descartes ne fut point trompé dans le jugement qu’il faisoit de l’affaire qu’il avoit avec Fromond.

Elle leur fut une occasion de se connoître l’un et l’autre plus particuliérement, et de lier entre eux une étroite amitié, qu’ils eurent soin d’entretenir par des recommandations mutuelles, jusqu’à la mort de M Descartes. Voicy ce qu’il en écrivit quelques mois aprés à M De Zuytlichem qui avoit ouy parler de leur dispute. Pour Monsieur Fromond, dit-il, le petit différend