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Nous ne pouvons mieux délasser M Descartes des embarras que luy avoient causez l’impression et la distribution de son livre, qu’en luy faisant faire une promenade au siége de Breda, où se trouvoient quelques-uns de ses amis tant de France que de Hollande. C’est ce que nous pouvons imaginer de plus vray-semblable pour tâcher d’accorder quelque chose au Sieur Borel, qui appuyé sur les relations de son ami De Ville-Bressieux, a publié d’un ton fort affirmatif que M Descartes s’étoit trouvé personnellement à deux siéges de la ville de Breda.

Nous avons remarqué ailleurs l’impossibilité où étoit M Descartes d’assister à celuy de l’an 1625, où le Marquis De Spinola prit la ville sur les hollandois.

Nous ne voyons guéres plus d’apparence à croire qu’il eût voulu se trouver à celuy de cette année, où le Prince D’Orange reprit cette ville sur les espagnols. Depuis le siége de La Rochelle, au retour duquel il avoit entiérement quitté l’épée pour prendre le manteau, il s’étoit tellement dépoüillé de son humeur guerriére, et il faisoit une profession si publique de poltronnerie (pour ne pas perdre ses termes,) qu’il est hors de toute apparence qu’il eût voulu servir dans les troupes avec ces dispositions.

Etant une fois sorti de sa retraite, et se voyant sur les frontiéres des Pays-Bas catholiques, il peut avoir eu la pensée de passer en Flandre avant que de se renfermer dans le poësle.