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qu’il luy vouloit faire n’étoit que la marque d’une reconnoissance dont il ne croyoit pas devoir se dispenser. Son dessein étoit d’addresser cét exemplaire à M De Peiresc conseiller au parlement de Provence, l’amy particulier de ce cardinal, et le correspondant général des gens de lettres de l’Europe. Mais il n’avoit pas encore appris sans doute la mort de ce grand homme arrivée le 24 jour de juin de la même année. Nous ne voyons pas qu’il entretint un commerce de lettres avec luy, et nous ne trouvons rien du côté de l’un ni de l’autre qui nous fasse voir le fondement de leur connoissance mutuelle.

M De Peiresc ne s’étant point borné à un genre particulier de bienveillance pour ceux qui travailloient à l’avancement des lettres et des sciences de toute espece, s’étoit fait une habitude de secourir tous les sçavans qu’il avoit pû découvrir, et il avoit eu le cœur assez vaste pour n’en exclurre même aucun étudiant, pourvu qu’il fist profession d’aimer un peu les lettres. Il assistoit les uns de sa bourse qui avoit toujours paru inépuisable quoi que ce fût celle d’un simple particulier ; il aidoit les autres de ses lumiéres, les fortifioit de ses conseils, les encourageoit au travail, levoit les obstacles, leur facilitoit les moiens de réüssir, et prévenoit leurs besoins et leurs desirs même avec une générosité dautant plus héroïque qu’elle étoit moins éclatante.

M Descartes n’étoit point de condition ny de fortune à pouvoir profiter de la libéralité de M De Peiresc.

Ne s’étant donné ny aux antiques, ni aux manuscrits, ny à rien de ce qui concerne ce que l’on peut apprendre par la lecture : il avoit mis M De Peiresc hors d’état de pouvoir luy rendre aucun service. Mais l’inclination qui leur étoit commune pour les recherches de physique et de mathématiques pouvoit avoir formé quelque relation entre eux. Il n’est pas croyable que M Descartes n’eût pas ouy parler souvent de M De Peiresc à M De Saumaise son voisin et son amy ; que M De Peiresc n’eût été aussi souvent entretenu des occupations de M Descartes par M Gassendi qui en étoit assez informé ; et que le P Mersenne qui étoit dans l’habitude d’écrire à tous les deux et d’en recevoir des lettres n’eût jamais mandé des nouvelles de l’un à l’autre.

Quoi qu’il en ait