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visite à la compagnie de M De Zuytlichem. C’est ce qui le porta non seulement à luy faire présent de son livre qu’il luy envoya depuis par le ministére du même M De Zuytlichem : mais cela luy fit prendre encore la liberté de prier cét ambassadeur de trouver bon que ce fût par son entremise qu’il pût présenter son livre au roy et au cardinal De Richelieu. M De Charnassé ayant reçû de M De Zuytlichem les deux exemplaires destinez à cela se fit un plaisir d’embrasser l’occasion qui se présentoit de faire connoître le mérite de M Descartes au roy et au cardinal ministre.

Il luy promit de s’acquiter incessamment de cette commission : mais il fallut partir pour le siége de Breda, où M De Zuytlichem l’avoit devancé par la nécessité d’accompagner le prince d’Orange. La place résista aux hollandois jusqu’au 10 d’octobre suivant, auquel elle fut renduë par le gouverneur Omer De Fourdin. Mais le Baron De Charnassé y fut tué en relevant la garde à la tête du régiment d’infanterie dont il étoit colonel pour les etats, quoi qu’il fût ambassadeur ordinaire de France en Hollande. Ces emplois n’étoient pas incompatibles : et il n’étoit pas extraordinaire de voir les ambassadeurs de la couronne passer successivement de la plume à l’épée, et de l’épée à la plume pour le service des alliez. M Descartes fit une perte en particulier à la mort de ce seigneur, dont il estimoit le mérite : et cette mort le laissa dans l’inquiétude de sçavoir si le cardinal De Richelieu avoit reçû son livre.

L’expédition des exemplaires qu’il avoit destinez pour l’Italie semble avoir été encore plus traversée dans les voyes qu’il avoit choisies pour les faire tenir avec sûreté. Il en avoit fait préparer deux pour le Cardinal De Bagné, et il les avoit accompagnez d’une lettre à ce cardinal, où il luy marquoit que ces deux exemplaires étoient pour luy seul. Il en avoit pareillement addressé un au Cardinal François Barberin, qu’il avoit connu particuliérement à Paris et à Rome. Quoique le motif de l’amitié dont il en étoit honoré fût plusque suffisant pour le porter à luy faire ce présent, il marqua néanmoins au P Mersenne que ce qui l’obligeoit à ce devoir étoit l’observation des parhélies qu’il explique à la fin de ses météores ; et que comme cette observation étoit venuë de ce cardinal, le présent