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venoit de faire imprimer, tout le reste de sa philosophie ne valoit rien.

Quoique les matiéres de ces traitez semblent d’abord assez éloignées, il a fait en sorte néanmoins que les trois derniers eussent une liaison trés-étroite avec le prémier. C’est pour cela qu’aprés avoir proposé un échantillon d’une méthode générale qu’il avoit adoptée, sans pourtant prétendre l’enseigner aux autres, il a choisi dans la dioptrique un sujet mêlé de philosophie et de mathématique ; dans les météores un de philosophie pure sans mêlange ; et dans la géométrie un de mathématique pure, pour faire voir qu’il n’y auroit rien dans tout ce qu’il pourroit avoir de connoissances naturelles qu’il n’eût dessein de rapporter et de réduire à cette méthode, et où il n’espérât réüssir parfaitement, pourvû qu’il eût les expériences qui y seroient nécessaires, et le têms pour les considérer.

Sa maniére d’écrire dans tous ces traitez est celle que les honnêtes gens se sont toûjours prescrite dans tous les têms et les lieux où l’on a sçû vivre en hommes. Il s’est contenté d’y exposer ses pensées toutes unies sans songer à réfuter personne : et quoiqu’il ne pût oublier en écrivant, la distance dont il s’écartoit du commun des philosophes, il témoigne avoir été fort éloigné de vouloir insulter à la moindre des opinions qui sont reçûës dans les ecoles.

Quant à sa maniére de raisonner, il paroît qu’elle étoit considérée par les autres d’une façon toute différente qu’elle n’étoit effectivement selon luy. Il n’étoit point d’accord sur ce sujet avec ceux qui publioient que les explications des choses qu’il a données peuvent bien être rejettées et méprisées ; mais qu’elles ne peuvent être combatuës et réfutées par raison. Car n’admettant aucuns principes qu’il ne crût trés-manifestes, et ne considérant rien autre chose que les grandeurs, les figures, et le mouvement à la maniére des mathématiciens, il s’est exclus de toutes les ressources que l’on se réserve pour se sauver au besoin, et il s’est fermé tous les subterfuges des philosophes. De sorte que la moindre erreur qui se sera glissée dans ses principes pourra facilement être apperçûë et réfutée par une démonstration mathématique.

Mais au contraire, s’il s’y trouve quelque chose qui paroisse