Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/369

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui ne la rend toutefois en rien différente de celle des anciens, sinon que par cette façon je puis mettre souvent en une ligne ce dont il leur falloit remplir deux ou trois pages. Et pour cette cause elle est incomparablement plus claire, plus facile, et moins sujette à l’erreur que la leur. Pour l’analyse, j’en ay omis une partie, afin de retenir les esprits mal intentionnez dans leur devoir. Car si je la leur eusses donnée, ils se fussent vantez de l’avoir sçûë long-têms auparavant : au lieu que maintenant ils n’en pourront rien dire qui ne fasse connoître leur ignorance.


Voila quels furent les prémiers essais publics de la philosophie de M Descartes, qui sans s’attacher à vouloir donner des compositions d’esprit achevées dans des proportions trop exactes, et polies selon les régles les plus scrupuleuses de la critique, n’a songé qu’à faire de simples épreuves de sa méthode. Mais il n’avoit point négligé de choisir dans toute sa philosophie les morceaux qu’il jugeoit les plus propres pour donner une juste idée de ce que le public pouvoit espérer de luy. Il avoit au reste si bonne opinion de ces essais, qu’il ne croyoit pas qu’on y pût trouver la valeur de trois lignes à rejetter ou à changer ; et il ne faisoit pas difficulté de dire que s’il se trouvoit quelque chose de faux dans quelqu’une des moindres parties de ce qu’il