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de l’état où étoient les religionaires avant la révocation de l’edit de Nantes.

Outre M De Méziriac il se trouvoit encore en France quelques autres mathématiciens que M Descartes estimoit tres-capables d’entendre sa géométrie. Il mettoit de ce nombre ses amis Messieurs Mydorge et Hardy, et il n’en excluoit pas M De Fermat, lors qu’il eût reconnu son habileté. Il connoissoit aussi quelques personnes dans les Pays-Bas, à la portée desquels il ne la jugeoit pas disproportionnée. Parmi ceux qui l’entendoient parfaitement dans la Hollande, il contoit deux particuliers qui faisoient profession d’enseigner les mathématiques aux gens de guerre, et dont l’un étoit le Sieur Gillot qui avoit été quelque têms à M Descartes. Il ne croyoit point les Pays-Bas espagnols dépourvûs de mathématiciens assez habiles pour l’entendre. Il mettoit de ce nombre le Sieur Vander Wegen gentil-homme brabantin, et Godefroy Wendelin chanoine De Condé en Haynaut et curé de Herck sur les confins du Brabant et du pays de Liege ami particulier de M Gassendi : et il en écrivit au médecin Vopiscus Fort Plempius, pour le prier de luy faire sçavoir le sentiment qu’en auroient ces messieurs. Mais il ne préféroit personne de quelque pays que ce fût à M De Beaune conseiller au présidial de Blois, pour l’intelligence de sa géométrie. Il reconnut par un écrit que le P Mersenne lui envoya de luy, qu’il l’entendoit tres-bien, et qu’il en sçavoit plus que ceux qui se vantoient plus que luy . Il se confirma de plus en plus dans cette persuasion, et il s’en expliqua au même pére l’année suivante en ces termes. Le développement que M De Beaune a fait de mes solutions sert à démontrer deux choses ; l’une, que M De Beaune en sçait plus que ceux qui n’en ont sçû venir à bout ; l’autre, que les régles de ma géométrie ne sont pas inutiles, ny si obscures qu’on ne les puisse entendre, ny si défectueuses qu’elles ne suffisent à un homme d’esprit pour faire plus que par les autres méthodes. Car il les a entenduës sans aucun interpréte, et il s’en sert à faire ce que vos plus grands géométres de Paris ignorent.

C’étoit certainement une marque de grande distinction parmi les prémiers mathématiciens du siécle de se trouver sans prés