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Le prémier essai de la méthode de M Descartes est le traité de la dioptrique , qu’il a partagé en dix parties qui sont autant de discours sur la lumiére, sur la réfraction, sur l’œil et les sens, sur les images qui se forment dans le fonds de l’œil, sur la vision, sur les lunettes, et la taille des verres. Le dessein de l’auteur dans ce traité étoit de nous faire voir que l’on peut aller assez avant dans la philosophie, pour arriver par son moyen jusqu’à la connoissance des arts qui sont utiles à la vie. Il n’y a rien omis de ce qui pourroit être nécessaire pour expliquer ce qu’il y a de plus important dans l’optique et la catoptrique. Mais il y a éclairci toute cette matiére d’une maniére si solide et si nouvelle, que l’étonnement public, qui fit naître l’admiration et la reconnoissance dans les esprits desireux de s’instruire, produisit dans quelques mathématiciens une jalousie qui n’aboutit qu’à des animositez et à des disputes. Elles allumérent entre-eux une petite guerre, dont les suites ont été longues et facheuses, mais utiles néanmoins au public, et glorieuses à M Descartes. Si ce traité a eu ses adversaires comme les autres, il a eu aussi ses défenseurs et ses commentateurs. Ceux d’entre-eux qui se sont signalez du vivant de nôtre philosophe pourront fournir de la matiére à l’histoire de sa vie dans la suite de cét ouvrage.

Le traité qui fait le second essai de sa méthode est celuy des météores qu’il a divisé en autant de parties ou chapitres que celuy de la dioptrique. Il y traite des corps terrestres ; des vapeurs et exhalaisons ; du sel ; des vents ; des nuës ; de la pluie, de la nége, et de la grêle ; des tempêtes, de la foudre, et des autres feux qui s’allument en l’air ; de l’arc-en-ciel ; de la couleur des nuës, et des cercles ou couronnes qui paroissent quelquefois autour des astres ; des parhélies ou apparition de plusieurs soleils. Nous avons rémarqué ailleurs que ce traité doit principalement son origine à l’observation des parhélies qui fut faite à Rome au mois de Mars de l’an 1629. Cette occasion luy avoit fait interrompre ses autres études, pour éxaminer ce phénoméne : et la satisfaction qu’il avoit reçûe de luy même en ce point, l’avoit fait passer de suite à la recherche des météores, dont il n’abandonna point l’étude qu’aprés s’être mis en état d’en pouvoir rendre raison. Mais il ne s’assujettit point à continuer l’ouvrage pour le conduire à sa fin. Les occasions qui se présentérent de faire depuis d’autres observations sur les météores, luy fournirent la matiére de quelques chapitres qu’il ne composa que quelques années aprés ; et il ne s’avisa de les incorporer au reste, que lors qu’il fut question de mettre le traité sous la presse. La lecture de cét ouvrage produisit à M Descarte