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amy Beeckman que la vieillesse et les maladies sembloient menacer de la mort. Il avoit reçû peu de jours auparavant des nouvelles de M De Ville-Bressieux qui lui avoit écrit des frontiéres de Danemarck, pour lui mander les observations qu’il y avoit faites depuis leur séparation, et lui rendre conte du têms qu’il avoit employé auprés d’un ami chez qui il l’avoit laissé. Etant revenu à Amsterdam, il lui récrivit en ces termes. J’ay parcouru et éxaminé la plûpart des choses qui sont contenuës dans vôtre mémoire pendant le cours du voyage que j’ay fait ces jours passez à Dort, d’où je suis revenu pour vous attendre à Amsterdam, où je suis arrivé en bonne santé. Vous me trouvérez dans nôtre logis du vieux prince ; et là je vous dirai mon sentiment sur toutes ces choses. Je vous conseilleray de les mettre la plûpart en forme de proposition, de problême, et de théorême ; et de leur laisser voir le jour, pour obliger quelque autre à les augmenter de ses recherches et de ses observations. C’est ce que je souhaiterois que tout le monde voulût faire, pour être aidé par l’expérience de plusieurs à découvrir les plus belles choses de la nature, et bâtir une physique claire, certaine, démontrée, et plus utile que celle qui s’enseigne d’ordinaire. Vous pourriez beaucoup servir de vôtre côté à desabuser les pauvres malades d’esprit touchant les sophistications des métaux, sur lesquels vous avez tant travaillé et si inutilement, sans que vous ayez vû rien de vray en douze années d’un travail assidu et d’un grand nombre d’expériences qui serviroient fort utilement à tout le monde en avertissant les particuliers de leurs erreurs. Il me semble même que vous avez déja découvert des généralitez de la nature ; comme, qu’il n’y a qu’une substance matérielle qui reçoit d’un agent externe l’action ou le moien de se mouvoir localement, d’où elle tire diverses figures ou modes, qui la rendent telle que nous la voyons dans ces prémiers composez que l’on appelle les élémens. De plus vous avez remarqué que la nature de ces élemens ou prémiers composez appellez terre, eau, air, et feu, ne consiste que dans la différence des fragmens ou petites et grosses parties de cette matiére, qui change journellement de l’un en l’autre par le chaud et le mouvement des grossiéres en subtiles ; ou en innobles , c’est-