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tres ; au lieu que sans elle il nous faut contenter de les deviner a posteriori , et par leurs effets. Or je ne trouve rien qui me pût tant aider pour parvenir à la connoissance de cét ordre, que l’observation de plusieurs cométes. C’est pourquoi comme je n’ay point de livres, et que quand j’en aurois, je plaindrois le têms qu’il faudroit employer à les lire, je serois bien-aise d’en trouver qu’elqu’un, qui eût recuëilli tout ensemble ce que je ne sçaurois sans beaucoup de peine tirer des auteurs particuliers, dont chacun n’a écrit que d’une cométe ou deux seulement.

M Descartes prit occasion de cette sorte d’étude pour faire au Pére Mersenne le plan d’une histoire des apparences célestes telle qu’il la concevoit, sur ce que ce pére lui avoit mandé qu’il connoissoit des gens qui se plaisoient à travailler pour l’avancement des sciences, jusqu’à vouloir même faire toutes sortes d’expériences à leurs dépens. Si quelqu’un de cette humeur, dit-il, vouloit entreprendre d’écrire l’histoire des apparences célestes selon la méthode de Verulamius, et que sans y mettre aucunes raisons ni hypothéses il nous décrivît exactement le ciel tel qu’il paroît maintenant ; quelle situation a chaque étoile fixe au respect de ses voisines ; quelle différence, ou de grosseur, ou de couleur, ou de clarté, ou du plus et du moins étincelant, etc. De plus, si cela répond à ce que les anciens astronomes en ont écrit, et quelle différence il s’y trouve ; car je ne doute point que les étoiles ne changent toujours quelque peu de situation entre elles, quoi qu’on les estime fixes. Aprés cela, qu’il y ajoutât les observations des cométes, mettant une petite table du cours de chacune, comme Tycho Brahé à fait de trois ou quatre qu’il a observées ; et enfin les variations de l’écliptique, et des apogées des planétes : ce seroit un ouvrage qui seroit plus utile au public qu’il ne semble peut-être d’abord, et qui me soulageroit de beaucoup de peine. Mais je n’espére pas qu’on le fasse, comme je n’espére pas aussi de trouver ce que je cherche à présent touchant les astres. Je crois que c’est une science qui passe la portée de l’esprit humain : et toutefois je suis si peu sage que je ne sçaurois m’empêcher d’y réver, encore que je juge que cela ne servira qu’à me faire perdre du têms, comme il m’est