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dont les principaux étoient Bannés ou Bagnez dominicain espagnol, Estius chancelier de l’université de Doüay, et particuliérement le P Gibieuf. Mais ce prétendu Riviére ne réüssit pas à décrier la doctrine de ces auteurs ; et il eut la confusion de se voir luy même condamné à Rome, où son livre fut mis à l’index , et censuré dans un decret de la sacrée congrégation donné le Xix jour de Mars de l’an 1633.

La réputation que M Descartes s’étoit faite en France sur les mathématiques donnoit beaucoup d’éxercice au P Mersenne. Les particuliers sçachant qu’il n’y avoit point d’autre voye de communication que le canal de ce pére pour envoyer leurs consultations à M Descartes, et pour en recevoir les réponses, alloient en foule à son couvent lui porter leurs questions, et retournoient y prendre les solutions et les éclaircissemens de M Descartes. Ce concours donnoit à ce pére une occupation dont il avoit la bonté de ne jamais se plaindre : et non content d’exhorter M Descartes à répondre à toutes les questions qui luy étoient proposées dans les paquets qu’il luy envoyoit, il le provoquoit encore à luy envoyer de son côté des problêmes à proposer aux autres, dont il se chargeoit de lui renvoyer les solutions. M Descartes qui n’avoit peut-être pas la patience du P Mersenne, le fit souvenir qu’il avoit renoncé à l’étude des mathématiques depuis plusieurs années ; et qu’il tachoit de ne plus perdre son têms à des opérations stériles de géométrie et d’arithmétique, dont la fin n’aboutissoit à rien d’important. Il lui fit connoître qu’il n’étoit plus dans le dessein de proposer aucun probléme aux autres, et qu’il croyoit beaucoup prendre sur luy même que de se reduire dorênavant à ne résoudre que les problémes des autres, dont il se trouvoit déja fort fatigué.

Dans l’année même que M Descartes envoyoit au P Mersenne pour la derniére fois des problémes de sa façon, qu’il avoit trouvez longtêms auparavant sans autre secours que celui de la géométrie simple, c’est-à-dire, de la régle et du compas, le public perdit l’un des prémiers mathématiciens de ce siécle en la personne de Jean Képler, qui mourut au mois de novembre. Il étoit né à Weyl en Soüabe dans le duché