Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

je vous prie de faire voir ces mêmes lettres que je vous avois écrites il y a quatorze ou quinze mois à ceux à qui vous avez donné la peine de m’écrire. Elles ne contiennent rien que je desire que vous teniez secret, comme vous le feignez : et si j’ai fait quelquefois difficulté de le dire à d’autres, ç’a été purement pour l’amour de vous. Mais vous sçavez bien que ceux à qui je vous prie de les montrer ne vous y feront point de tort : et aprés les avoir vuës, s’ils trouvent que j’aye manqué en quelque chose, et que j’aye eu de vous une autre opinion que je ne devois, je m’oblige de vous faire toutes les satisfactions qu’ils jugeront raisonnables.

M Descartes aprés avoir bien voulu descendre dans tout ce détail, pour se justifier contre les plaintes et la mauvaise humeur du Sieur Ferrier, qui avoit pensé le commettre si mal-à-propos avec ses amis, oublia de bon cœur les fautes que l’ingratitude avoit fait commettre à cet homme. Il le servit et l’assista de ses conseils et de son crédit comme auparavant. Il nous est resté parmi ses lettres des marques du commerce qu’il avoit encore avec lui neuf ou dix ans aprés : et nous avons les éloges qu’il fit encore depuis de son honnêteté, de sa reconnoissance, et de son habileté à des personnes ausquelles il le recommandoit pour lui rendre service.


Le P Mersenne dans le cours de ses voyages avoit mandé à M Descartes parmi les diverses nouvelles de littérature celle de l’impression d’un livre du Pére Gibieuf, qui étoit sorti depuis peu de la presse de Cottereau à Paris, et qui étoit écrit en latin sous le titre de la liberté de Dieu et de la créature .