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aussi au Sieur Ferrier, et fit un pacquet de toutes ces réponses qu’il addressa au P Mersenne au mois de décembre. Il les lui envoya toutes ouvertes, afin qu’il les lût avant que de les rendre, qu’il fût informé des pratiques secrétes du Sieur Ferrier, et qu’il pût remédier aux impressions que les plaintes de cét homme auroient pû faire sur l’esprit de ses amis. Pour mettre ce pére en repos sur les soupçons de Ferrier, qui auroit pû rejetter sur luy ou sur M Mydorge la cause de sa disgrace, il assura ce pére que pas un de ceux qui luy avoient écrit en faveur de Ferrier, ne l’avoit mêlé dans les plaintes de cét homme. Il ne prit point la liberté d’écrire à M Gassendi, dont M Reneri luy avoit communiqué la lettre : mais il chargea le P Mersenne de le voir de sa part, de luy faire ses civilitez, et de le bien justifier auprés de luy. Pour les autres lettres qu’il écrivit à ce sujet, elles se sont presque toutes perduës : et l’on n’a encore rendu publiques que celle qu’il addressoit au P De Gondren, et celle qui étoit pour le Sieur Ferrier. Il témoignoit au P De Gondren qu’il auroit souhaité qu’il lui eût ordonné quelque chose de plus difficile que de vouloir du bien au Sieur Ferrier, pour pouvoir luy donner des preuves encore plus grandes de son obéissance, et de sa vénération. Qu’il étoit fort éloigné de vouloir du mal au Sieur Ferrier ; mais qu’il s’estimeroit heureux de pouvoir seulement s’éxempter de ses plaintes. On ne peut sans cruauté, dit-il, vouloir du mal à une personne si affligée ; et pour ses plaintes, je les excuse de même que s’il avoit la goute, ou que son corps fût tout couvert de blessures. On ne sçauroit toucher si peu à des gens qui sont en cét état, qu’ils ne crient, et qu’ils ne disent souvent des injures aux meilleurs de leurs amis, et à ceux qui s’efforcent le plus de remédier à leurs maux.

J’eusses été fort aise d’apporter quelque soulagement aux siens : mais parce que je ne m’en juge point capable, il m’obligeroit beaucoup de me laisser en repos, et de ne m’accuser pas des maux qu’il se fait à luy même. Je luy ay pourtant obligation de s’être addressé particuliérement à vous pour se plaindre : et je m’estime heureux que vous daignez prendre connoissance du différent qu’il prétend avoir avec moi.

Je ne prétens pas vous ennuier en plaidant icy ma cause : ma