Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

de les faire beaucoup lire ou traduire ; 2 de les faire apprendre beaucoup par cœur ; 3 de les faire beaucoup écrire ou composer, ce qui s’appelle faire des thémes au langage des colléges ? M Gassendi le satisfit un mois aprés par une ample réponse, où il tâcha de lui persuader l’utilité qu’il y a de joindre ensemble ces trois maniéres d’étudier, en les réglant avec discrétion sur la portée des esprits des enfans.

Il n’oublia pas de le féliciter sur la pension viagére qui lui donneroit lieu de philosopher à son aise, en le dégageant des inquiétudes qui ont coûtume de troubler ceux qui sont obligez de travailler pour vivre. Mais sur tout il le consola d’avoir manqué la chaire de professeur, sur ce que la philosophie qui s’enseigne dans les écoles n’est pour l’ordinaire qu’une philosophie de théatre, dont l’appareil ne consiste que dans l’ostentation, tandis que la vraye philosophie se trouve refugiée sous le toit de quelques particuliers, qui tâchent de la retenir, et de la cultiver à l’ombre et dans le silence.


Mr Gassendi n’étoit pas encore rentré en France de son voyage des Païs-Bas, lorsque le Pere Mersenne se mit en chemin pour faire le même voyage. C’est ce qu’on peut supposer sur la foi d’une lettre que M Gassendi étant à Paris écrivit incontinent aprés son retour au Sieur Béeckman recteur ou principal du collége de Dordrecht. La lettre est dattée du 15 de Septembre de l’an 1629 : et elle nous apprend que le Pere Mersenne avoit déja vû le Sieur Béeckman à Dordrecht, et qu’il étoit actuellement à Gorckum, ville éloignée de trois lieuës de là. Le P Hilarion de