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plus courte et plus nette, mais au jugement du public plus éxacte, que n’avoient fait les astronomes romains et françois qui l’avoient prévenus. Il fit voir pourquoi de ces quatre faux soleils, les deux qui étoient plus prés du vrai soleil étoient colorez dans leurs bords, moins ronds et moins brillans que le vrai soleil, d’où il prouvoit qu’ils étoient formez par réfraction : et pourquoi les deux qui étoient plus éloignez étoient plus ronds mais moins brillans que les deux autres, et tout blancs sans mélange d’aucune autre couleur dans leurs bords, ce qui montroit qu’ils étoient causez par réfléxion. Il expliqua comment celuy de ces soleils que l’on voioit vers le couchant avoit la figure changeante et incertaine, et jettoit hors de soi une grosse queuë de feu qui paroissoit tantôt plus longue et tantôt plus courte. Il n’oublia point la nature des deux couronnes qui avoient paru autour du vrai soleil, peintes des mêmes couleurs que l’arc-en-ciel : et il fit voir pourquoi l’intérieure étoit beaucoup plus vive et plus apparente que l’extérieure ; pourquoi il n’en paroît pas toujours de telles lors qu’on void plusieurs soleils ; et pourquoi le soleil n’est pas toujours exactement le centre de ces couronnes, qui peuvent avoir divers centres, quoi qu’elles soient l’une autour de l’autre.

Voila ce qui a donné occasion au dixiéme ou dernier discours de son traitté des météores, où il a éxaminé particuliérement la maniére dont se forment les nuës qui font paroître plusieurs soleils. Il prétend dans cét ouvrage, qu’il se fait comme un anneau de glace autour de ces nuës dont la surface est assez polie ; que cette glace est ordinairement plus épaisse vers le côté du soleil que vers les autres ; que c’est ce qui la soûtient ; et que c’est ce qui fait paroître quelquefois dans le ciel un grand cercle blanc qui n’a aucun astre pour son centre, comme on l’avoit vû au phénoméne de Rome. Il explique comment on peut voir jusqu’à six soleils dans ce cercle blanc ; le prémier directement ; les deux suivans par réfraction ; et les trois autres par réfléxion.

Pourquoi ceux qu’on void par réfraction ont d’un côté leurs bords peints de rouge, et de l’autre de bleu ; et pourquoi les trois autres ne sont que blancs, et ont peu d’éclat. D’où il arrive qu’on n’en void quelquefois que cinq, quelquefois