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que s’il avoit un an ou deux pour pouvoir disposer tout ce qui étoit nécessaire, on viendroit à bout de voir par son moyen s’il y a des animaux dans la lune.

M Descartes ne se contenta pas de luy relever le courage par ses exhortations, il luy donna encore tous les éclaircissemens qu’il luy avoit demandez, avec de nouvelles instructions dans une longue lettre qu’il luy envoya peu de têms aprés. Comme il ne songeoit plus à l’attirer en Hollande, il eut soin de le recommander particuliérement au P Mersenne, à qui il en écrivit, pour le prier de luy chercher quelque lieu plus commode que celuy où il étoit, tant pour vivre que pour travailler. Je suis assuré, dit-il à ce pére, de l’éxécution des verres du Sieur Ferrier, pourvû qu’il y travaille seul, et qu’il soit en repos. C’est assurément quelque chose de plus grande importance que l’on ne s’imagine. Il y a tant de gens à Paris qui perdent de l’argent à faire soufler des charlatans : n’y en auroit-il point quelqu’un, qui voulût tenir le Sieur Ferrier six mois ou un an à ne faire autre chose du monde que cela ? Car il luy faudroit du têms pour préparer ses outils ; et il en est de même qu’à l’imprimerie où la prémiére feuille coûte plus de têms à faire que plusieurs autres.

Cette inquiétude et cette ardeur que M Descartes faisoit paroître dans l’empressement avec lequel il embrassoit les intérêts de Ferrier, méritoit bien que cét homme fit de son côté quelques démarches pour s’aider et correspondre à tant de soins. Néanmoins M Descartes ne reçut point de réponse à la lettre qu’il avoit pris la peine de luy écrire le tréziéme de novembre, et il n’entendit plus parler de luy du reste de l’année.