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Mr Descartes n’abondonnoit pas tellement son têms à la métaphysique, qu’il n’en réservât quelque portion pour les expériences naturelles, et particuliérement pour celles de la dioptrique, ausquelles il s’étoit déja beaucoup appliqué en France. à peine se vid-il établi en Frise qu’il se souvint d’avoir laissé à Paris le Sieur Ferrier, ce célébre ouvrier d’instrumens de mathématiques qu’il avoit employé pour la taille des verres. Il ne se crût pas déchargé du soin qu’il avoit pris autrefois de sa fortune pour le rendre aisé, et de son instruction pour le perfectionner dans son art. L’affection qu’il avoit conçûë pour cét homme, depuis que M Mydorge le luy eût recommandé luy fit naître l’envie de l’attirer auprés de luy. Il n’oublia rien pour rendre trés-avantageuses les conditions qu’il luy proposoit tant pour les commoditez de la vie que pour la satisfaction de l’esprit. Il luy écrivit le dix-huitiéme de juin, d’une maniére également honnête et pressante, et data sa lettre d’Amsterdam où il luy donna son addresse pour n’être pas obligé de découvrir le lieu de sa demeure. Il luy marqua pour l’inviter à venir encore plus volontiers, que depuis qu’il l’avoit quitté il avoit appris beaucoup de choses nouvelles touchant leurs verres : et qu’il espéroit le faire aller au delà de tout ce qui s’étoit jamais vû. Tout ce qu’il avoit dans l’esprit là-dessus luy paroissoit si facile à éxécuter, et en même têms si certain, qu’il ne doutoit presque plus de ce qui pouvoit dépendre de la main, comme il avoit fait auparavant. Mais parce que ces choses ne pouvoient se mander par lettres, à cause de