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le pardon que ce bon prince leur accorda avec une facilité, dont ils abusérent dés le lendemain par une perfidie qui étoit soûtenuë de l’espérance du secours des anglois.

En effet ce secours qui consistoit en une armée navale de 40 vaisseaux conduite par le Comte De Damby, accompagné de M De Soubize et du Comte De Laval, parut devant Saint Martin De Ré le vendredy 29 de septembre. Le roy manda aussi-tôt les volontaires que la curiosité de voir le païs avoit écartez de l’armée ; et il alla luy-même reconnoître l’ennemi au village de Laleu. Les volontaires, principalement les gentilshommes se rendirent avec ardeur auprés du roy dans le dessein de signaler leur zéle. Le nombre en fut si grand qu’on fut obligé de les séparer en trois brigades, dont la prémiére fut commandée par le Comte De Harcourt, la seconde par le Comte De La Rochefoucaud, et la troisiéme par le Marquis De Nesle. Ainsi Monsieur Descartes qui croioit en partant de Paris n’aller au siége de La Rochelle que comme un voiageur, se trouva engagé de nouveau dans le service, à l’éxemple des autres gentilshommes de sa sorte, qui étoient venus comme luy sans dessein de se servir de leur épée. C’est peut-être la seule occasion qui puisse aider à la justification de ce que le Sieur Borel a avancé touchant ce voiage de M Descartes, lorsqu’il a prétendu qu’il n’avoit pas été simplement spectateur du siége de la ville, mais qu’il y avoit fait des fonctions militaires en qualité de volontaire.

M Descartes se trouvant au quartier du roy par ce glorieux engagement, eut le loisir de considérer la vigilance et les soins que prenoit ce prince à disposer luy-même son armée par mer et par terre. Le mardy 3 d’octobre les anglois s’étant approchez furent battus quoiqu’ils eussent le vent favorable ; et n’aiant pas réüssi le lendemain à vouloir recommencer le combat, ils furent obligez de se retirer avec perte : ce qui acheva de désespérer les rochelois, qui avoient inutilement usé leur artillerie dans ces deux combats. Les anglois obtinrent du roy une cessation d’armes pour quinze jours, pendant laquelle le Lord Montaigu vint avec un sauf-conduit salüer le roy de la part du Roy D’Angleterre, de qui il avoit ordre de faire des propositions de paix. à la