Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée

nçoises, et à des exercices de philosophie et de mathématiques.

Mais de tous ces amis de M Descartes, personne n’entra plus avant dans sa familiarité et dans la connoissance de ses affaires que le Sieur Claude Picot prieur du Rouvre, que nous appellons communément l’abbé Picot. Il ne se contentoit pas de se déclarer publiquement le disciple et l’admirateur de M Descartes, il voulut être encore le traducteur de ses principes

son correspondant pour les

lettres qu’il avoit à recevoir et à rendre ; son hôte à Paris, dans les derniers voyages qu’il fit de Hollande en France ; l’agent de ses affaires domestiques ; le receveur de ses rentes de Bretagne et de Poitou. Cét abbé étoit fils d’un receveur général des finances de Bourdeaux. Il avoit deux fréres, dont l’un fut d’abord prémier valet de chambre de la garderobbe du roy, puis receveur général aprés son pére ; l’autre étoit conseiller à la cour des aydes de Guienne à Bourdeaux.

M Descartes étant à Paris, ne songeoit qu’à rendre utiles les habitudes qu’il avoit avec ses amis et les gens de lettres, lors qu’on y reçût la nouvelle de la mort du chancelier Bacon, arrivée le neuviéme jour d’avril 1626. Cette nouvelle toucha sensiblement ceux qui aspiroient aprés le rétablissement de la véritable philosophie, et qui sçavoient que Bacon travailloit à ce grand dessein depuis plusieurs années. Ceux qui avoient espéré de le voir venir à bout d’une entreprise si extraordinaire regretérent sa perte plus particuliérement que les autres, voyant que Dieu qui l’avoit retiré en la soixante sixiéme année de son âge, ne lui avoit pas accordé assez de vie pour l’éxécution de son dessein. Il est vray que six ans avant sa mort il avoit mis en lumiére le prémier volume de son grand ouvrage du rétablissement de la philosophie sous le titre d’instauratio magna dont son nouvel organe fait partie. Mais ce n’étoit qu’un essay de ses sublimes projets, capable seulement de laisser dans l’esprit de ses lecteurs une idée trés-grande de ce qu’il faisoit espérer à la postérité. Aussi voyons nous qu’il n’y approfondit rien ; que les propositions et les axiomes qu’il y avance sont plutôt des avis et des expédiens pour donner des ouvertures à méditer, que des maximes propres à établir des principes.