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laissa pas de le créer directeur de l’académie à l’instant de son érection. Ce fut lui qui malgré les attaches qu’il avoit aux intérêts de son maître ennemi du Cardinal De Richelieu, fut chargé par la compagnie de composer la lettre par laquelle ce cardinal étoit supplié d’honorer l’académie de sa protection. M De Serisay resta dans le monde prés de trois ans au delà de M Descartes, et il laissa sa place d’académicien à M Pélisson maître des requêtes.

M Sarazin étoit de Caen en Normandie, et il fut sécrétaire de M Le Prince De Conty, (Armand De Bourbon). Ses études, non plus que celles de M De Serisay, n’avoient pas beaucoup de rapport avec celles de M Descartes. Il n’en étoit pourtant pas moins son amy : et M Descartes, qui avoit le goût de la politesse et du bel-esprit, sçavoit l’estimer autant, et peut-être plus que quelques-uns qu’on voioit dans l’académie à son préjudice. Ils se faisoient des complimens, se rendoient des civilitez mutuelles par la médiation de quelque amy commun de Paris durant leur absence, et nous voyons que M Sarazin avoit soin de lui faire présent de ses livres.

Nous ne devons pas omettre M De Boissat, puisque M Chorier nous apprend qu’il étoit des amis de M Descartes. Dans cette supposition l’on pourra faire remonter leur amitié jusqu’à une source plus haute que n’est celle des autres amis que M Descartes n’a connus qu’à Paris. Il est trés-probable qu’ils s’étoient déja vûs dés l’an 1625 au siége de Gavi en Italie, ou M De Boissat avoit servi sous le connêtable De Lesdiguiéres en qualité de capitaine d’une compagnie dans le régiment de Sancy. Il n’étoit pas moins amy de M Gassendi que de M Descartes : mais ayant à se déterminer sur une secte de philosophie, il préféra celle de M Descartes, dont il se rendit le disciple depuis qu’il eût publié ses livres. M Gassendi n’en eut point de jalousie, il ne l’en aima pas moins, et le loüa même de son choix suivant la bonté de son naturel, qui lui faisoit au moins tourner en éloges les approbations que son intérêt particulier lui faisoit refuser à la philosophie de M Descartes. M De Boissat Seigneur De Licieu en lionnois étoit un gentilhomme du Dauphiné, qui n’avoit pas moins d’esprit que