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des plus parfaits de ces amis fut M Hardy conseiller au Châtelet qu’il vit chez M Mydorge, et que M Mydorge luy amena pour les unir ensemble, s’étant rendu la caution de son cœur.

Monsieur Hardy avoit joint une grande connoissance des mathématiques et des langues orientales à une insigne probité. Il s’appelloit Claude, et étoit fils de Sebastien Hardy receveur des tailles au Mans. Il n’étoit encore alors que simple avocat au parlement, et il n’y avoit pas un an qu’il avoit fait imprimer les questions d’Euclide avec les commentaires du philosophe Marin, que quelques-uns ont crû être le même que Marin disciple de Proclus.

C’étoit la prémiére fois qu’on avoit vû paroître au jour le grec original de ce traité d’Euclide et du commentaire de Marin. M Hardy y avoit fait une traduction latine incomparablement meilleure que n’étoit celle de Barthélemy Zambert : et il y avoit ajoûté d’excellentes notes de sa façon, outre celles que Zambert avoit traduites d’un vieux scholiaste.

M Descartes fit toûjours depuis beaucoup de cas de l’amitié de M Hardy. C’est ce qu’il luy fit connoître en toutes les rencontres où il se présenta quelque occasion de le servir, sur tout depuis qu’il se fût retiré en Hollande, d’où il se faisoit un plaisir particulier de luy envoyer les livres qui ne se trouvoient pas à Paris.

Un autre ami de conséquence que M Descartes acquit dans le même têms, fut Monsieur De Beaune Seigneur De Gouliou, conseiller au présidial de Blois.

C’étoit l’un des plus grands génies de son têms, au moins en ce qui concernoit les mathématiques : et M Descartes a laissé en plusieurs endroits de ses lettres des témoignages de l’estime toute extraordinaire qu’il faisoit de sa capacité et de son mérite. M De Beaune ne se contenta pas de cultiver l’amitié de M Descartes par des visites, lorsqu’ils se trouvoient tous deux à Paris, ou par des lettres durant leur absence. Il se fit encore depuis l’interpréte et le commentateur de sa géométrie, et il prit hautement sa défense contre l’ignorance ou la malignité des envieux, que sa réputation luy avoit suscitez en France depuis l’impression de ses livres. M Descartes n’eut point la satisfaction de revoir cét excellent ami plus d’une fois depuis sa retraite en Hollande. Mais on peut dire que rarement