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manqué de s’informer de sa famille dans la conversation. Vincent Galiléi, pére de Galiléo Galiléi, dont il est ici question, étoit un gentil-homme florentin, sçavant dans les mathématiques, et particuliérement dans la musique. On a de lui un ouvrage écrit en italien, et divisé en cinq dialogues touchant la musique ancienne et nouvelle. L’ouvrage est estimé, et Joseph Blancanus jésuite italien le juge nécessaire pour rétablir la musique des anciens, et pour corriger celle des modernes. Il n’y a point d’apparence que M Descartes ait lû d’autre traitté de Galilée que celui là, touchant la musique. Vincent Galiléi, qui avoit fait instruire son fils avec autant de soin que s’il eût été légitime, et héritier de ses biens, n’avoit pas oublié de lui inspirer l’inclination qu’il avoit pour la musique : mais il ne put empêcher qu’elle ne se tournât presque toute entiére vers l’astronomie, aprés laquelle on peut dire que la géométrie, et la méchanique ont tenu le prémier rang dans son esprit parmi les mathématiques. Au reste, M Descartes paroît avoir été toujours si peu informé de ce qui regardoit la personne de Galilée, que si on excepte le point de sa condamnation et de sa prison à l’inquisition, qui a fait trop d’éclat pour être ignoré des moins curieux, on peut dire qu’il n’a sçû aucune circonstance de sa vie. De sorte qu’il parut surpris, lors qu’en 1640 le Pére Mersenne lui parla de Galilée, comme d’un homme encore vivant, l’ayant crû mort longtêms auparavant.

M Descartes n’avoit pas encore passé les frontiéres de Toscane, lors qu’il apprit les nouvelles de la guerre qui s’allumoit entre la république de Génes et le Duc De Savoye Charles-Emmanuel prémier de ce nom. Le roy trés-chrêtien ayant été informé de la mauvaise cause des génois, et voyant que ces républicains s’appuioient du secours du Roy D’Espagne, avoit envoyé dix mille hommes au Duc De Savoye sous la conduite du connêtable de Lesdiguiéres. Le Duc De Savoye étoit en personne à cette guerre, et son armée renforcée du secours de France étoit de 25000 hommes de pied et de 3000 chevaux. Le connêtable qui conduisoit l’avantgarde dont il avoit fait un corps d’armée détaché, s’étoit déja rendu maître des villes de Capriata, de Gua,