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oit bien ou mal acquise de la physique, lui avoit beaucoup servi pour établir des fondemens certains dans la morale : et qu’il lui avoit été plus facile de trouver la satisfaction qu’il cherchoit en ce point, que dans plusieurs autres qui regardoient la médecine, quoi qu’il y eût emploié beaucoup plus de têms. De sorte qu’il ne pouvoit point se vanter aprés toutes ses recherches d’avoir trouvé les moiens de conserver la vie ; mais seulement celui de ne pas craindre la mort, et de s’y préparer sans ce chagrin ou cette inquiétude qui est ordinaire à ceux dont la sagesse est toute tirée des enseignemens d’autrui, et appuiée sur des fondemens qui ne dépendent que de la prudence et de l’autorité des hommes.

M Descartes fut deux mois et quelques jours à Paris, entretenant ses amis de cette illusion où il étoit touchant son prétendu renoncement aux mathématiques et à la physique. Ils se donnoient souvent le plaisir de démentir ses résolutions : et les moindres occasions qu’ils lui présentoient pour résoudre un probléme où pour faire une expérience, étoient des piéges inévitables pour lui. Les embarras de son esprit joints au besoin qu’il avoit de régler ses affaires particuliéres lui firent quitter la ville vers le commençement du mois de may, pour retourner en Bretagne auprés de ses parens.

Aprés avoir passé quelques jours à Rennes, il prit le consentement de m. Son pére, pour vendre en Poitou quelques héritages, dont il avoit eu la bonté de le mettre en possession depuis qu’il étoit devenu majeur : et il s’en alla à Poitiers, puis à Châtelleraut vers la fin du mois de may.

Il emploia dans ces négociations le mois de juin entier et la moitié de celui de juillet. Il disposa de la terre du perron, qui lui étoit échuë par le partage des biens de la succession de sa mére ; de deux autres métairies qui lui avoient été données autour de Châtelleraut ; et d’une maison à Poitiers.

Les deux métairies, appellées l’une la grand-maison , et l’autre le marchais , étoient dans la parroisse d’Availle, que quelques uns appellent poitevine , pour ne point confondre ce lieu avec Availle Limousine, qui est au delà de l’isle Jourdain sur les limites du Poictou et du Limousin. Pour