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Le grand monde que M Descartes voyoit à Paris n’étoit pas capable de remplir tous les vuides de son séjour, ni de le tenir perpétuellement occupé hors de lui même. Lors qu’il rentroit chez lui, il sentoit revenir ses anciennes inquiétudes sur le choix d’un genre de vie qui fût conforme à sa vocation, et qui fût commode pour l’éxécution des desseins qu’il avoit conçus touchant la recherche de la vérité sous les ordres de la providence. L’établissement où il voyoit la plûpart de ses amis, placez chacun dans des postes à garder le reste de leurs jours, ne servoit de rien pour fixer ses irrésolutions.

Il y avoit déja longtêms que sa propre expérience l’avoit convaincu du peu d’utilité des mathématiques, sur tout lors qu’on ne les cultive que pour elles mêmes, sans les appliquer à d’autres choses. Depuis l’an 1620 il avoit entiérement négligé les regles de l’arithmétique. Il témoigne même que dés auparavant il avoit tellement oublié la division et l’extraction de la racine quarrée, qu’il auroit été obligé de les étudier une seconde fois dans les livres, ou de les inventer de lui même, s’il avoit eu besoin de s’en servir. Les attaches qu’il eut pour la géométrie subsistérent un peu plus longtêms dans son cœur.

Les mathématiciens de Hollande et d’Allemagne qu’il avoit vûs pendant ses voyages avoient contribué à les retenir jusqu’à son retour en France par les questions et les problémes qu’ils lui avoient proposez à résoudre. Mais on peut dire qu’elles étoient déja tombées en 1623, s’il est vrai qu’en 1638, il y avoit plus de quinze ans qu’il faisoit profession de négliger la géométrie, et