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a théologie durant un an à ses religieux. Au bout de ce têms on l’avoit retiré de cét éxercice pour le faire correcteur du même couvent. Ayant achevé son correctoriat

sur la fin de l’an 1619, il avoit reçû une obédience de son provincial, qui lui ordonnoit de venir en qualité de conventuël demeurer au couvent de Paris prés de la place royale, où il se trouva fixement établi pour le reste de ses jours. Lors que M Descartes arriva à Paris, ce pére faisoit actuellement rouler la presse sur son prémier tome des commentaires sur la genése, qu’il dédia au prémier des archevêques de Paris, prenant occasion de la nouvelle création de cette eglise en métropole, faite par une bulle de Grégoire Xv dés le 22 D’Octobre 1622, mais qui ne fut vérifiée et reçuë au parlement que le 8 d’août de l’an 1623, quoique le nouvel archevêque eût prêté le serment dés le 19 de février.

Sous le titre général de questions sur les six prémiers chapitres de la genése, le P Mersenne faisoit entrer dans son gros volume mille choses de sujets divers. L’affaire des rose-croix, y trouva place, à plus juste titre sans doute que beaucoup d’autres qui ne regardoient pas de si prés le rapport de la religion avec la recherche des choses naturelles. M Descartes étoit venu assez à têms pour lui faire prendre des mesures assurées sur ce qu’il en vouloit insinuer : et quoi qu’il protestât qu’il ne sçavoit encore alors rien de certain touchant les rose-croix, il ne pouvoit nier au moins qu’il ne fût parfaitement informé des bruits qu’on avoit fait courir d’eux par toute l’Allemagne. Le P Mersenne qui n’avoit pas besoin d’un grand détail pour son dessein, se contenta d’en juger sur la foy de quelques livres que leurs adversaires et leurs défenseurs avoient publiez de part et d’autre. Il avoit lû entre les autres l’apologie publiée à Leyde dés l’an 1616 in octavo , par Robert Fludd gentil-homme anglois, qui aprés avoir quitté la profession des armes, s’étoit mis à l’étude de la physique, et avoit embrassé particuliérement celle de la médecine, de la chymie, de la cabale, de la magie, et de tout ce qui peut se trouver de mystérieux dans la nature. Le bon Pére Mersenne croyant qu’il n’étoit pas besoin de ménagement avec un hérétique, n’avoit pas fait beaucoup d’effort pour retenir son zéle contre