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M Descartes partant du camp devant Neuhausel sur la fin de juillet, seroit peut-être arrivé assez-tôt en Moldavie, pour voir les derniers combats. Mais les passages occupez par les hongrois et transilvains du parti de Betlen Gabor, ne pouvoient lui permettre ce voyage. Aussi voyons nous que ceux qui l’ont fait aller contre les turcs, n’ont supposé la chose que sur l’erreur qui leur avoit fait croire que l’armée impériale de Hongrie étoit emploiée contre les turcs.


Ce fut donc immédiatement aprés la campagne de Hongrie, que M Descartes éxécuta la résolution qu’il avoit prise longtêms auparavant de ne plus porter le mousquet. Il n’eut point à combattre en cette occasion ni contre son tempérament, dont la chaleur s’étoit ralentie par les travaux de quatre années de milice, ni contre son inclination qui ne le portoit plus qu’à rechercher de la tranquillité pour méditer sur sa philosophie.

Son dessein n’étoit pas de revenir si tôt en France, soit à cause de la guerre que les huguenots venoient d’y allumer, soit à cause de la peste, qui affligeoit particuliérement la ville de Paris depuis prés d’un an, et qui ne cessa qu’en 1623. Il entreprit donc de voyager dans ce qui lui restoit à voir des pays du nord : mais ce n’est pas la peine de dire qu’il fut obligé de changer d’état. Ce qu’il entreprenoit n’étoit dans le fonds qu’une continuation de voyages qu’il vouloit faire, sans s’assujettir dorénavant à suivre les armées, parce qu’il croyoit avoir suffisamment envisagé et découvert le genre humain par l’endroit de ses hostilitez. Il avoit toujours parlé de sa profession