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ceux à qui il ne pouvoit envier la liberté de boire et de joüer, tant qu’ils luy laissoient celle d’étudier en retraite.


Mr Descartes se trouvoit toûjours embarrassé dans ses irrésolutions, ne sçachant encore à quoy se déterminer sur le choix d’un genre de vie qui fût propre pour l’éxécution de ses desseins. Il en remit la décision à une autre fois : et pour tâcher de faire quelque diversion à ses inquiétudes, il reprit le mousquet dans la résolution de faire encore une campagne. Le bruit que les troubles de Hongrie avoient fait au camp des bavarois l’année précédente, et ce qu’il en avoit pû apprendre des hongrois même, qui s’étoient trouvez à la bataille de Prague parmi les troupes impériales, luy fit naître l’envie de passer en Hongrie, et de prendre parti dans l’armée de l’empereur qui marchoit contre les rebelles. Il quitta le service du Duc De Baviére pour aller en Moravie, où le Comte De Bucquoy incontinent aprés le rétablissement de sa santé, s’étoit mis en devoir de réduire les villes qui restoient de la faction de l’electeur palatin. Il l’alla trouver à Hradisch ville sur la Morave que ce comte venoit de prendre, aprés un siége de peu de jours, et qui avoit servi jusques-là de lieu de communication entre les rebelles de Hongrie, et ceux de Bohéme pour se secourir mutuellement contre l’Empereur Ferdinand. Il s’engagea aux conditions des volontaires vers la fin de mars de l’an 1621 dans les troupes de ce général, qui attendoit l’issuë de la conférence de Hainbourg, procurée le 25 de janvier par les ambassadeurs de France, entre Betlen Gabor et les etats de Hongrie d’une part, et l’empereur qui étoit roy légitime de Hongrie de l’autre.