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occasion du voyage qu’il méditoit en Italie dans peu de jours, pour former le vœu d’un pélerinage à Nôtre-Dame De Lorette. Son zéle alloit encore plus loin, et il luy fit promettre que dés qu’il seroit à Venise, il se mettroit en chemin par terre, pour faire le pélerinage à pied jusqu’à Lorette : que si ses forces ne pouvoient pas fournir à cette fatigue, il prendroit au moins l’extérieur le plus dévot et le plus humilié qu’il luy seroit possible pour s’en acquitter. Il prétendoit partir avant la fin de novembre pour ce voyage. Mais il paroît que Dieu disposa de ses moyens d’une autre maniére qu’il ne les avoit proposez. Il fallut remettre l’accomplissement de son vœu à un autre têms, ayant été obligé de différer son voyage d’Italie pour des raisons que l’on n’a point sçeuës, et ne l’ayant entrepris qu’environ quatre ans depuis cette résolution.

Son enthousiasme le quitta peu de jours aprés : et quoique son esprit eût repris son assiéte ordinaire, et fût rentré dans son prémier calme, il n’en devint pas plus décisif sur les résolutions qu’il avoit à prendre. Le têms de son quartier d’hyver s’écouloit peu à peu dans la solitude de son poësle : et pour la rendre moins ennuyeuse, il se mit à composer un traité, qu’il espéroit achever avant pâques de l’an 1620.

Dés le mois de février il songeoit à chercher des libraires pour traiter avec eux de l’impression de cet ouvrage. Mais il y a beaucoup d’apparence que ce traité fut interrompu pour lors, et qu’il est toûjours demeuré imparfait depuis ce téms-là. On a ignoré jusqu’icy, ce que pouvoit être ce traité qui n’a peut-être jamais eu de titre. Il est certain que les olympiques sont de la fin de 1619, et du commençement de 1620 ; et qu’ils ont cela de commun avec le traité dont il s’agit, qu’ils ne sont pas achevez. Mais il y a si peu d’ordre et de liaison dans ce qui compose ces olympiques parmi ses manuscrits, qu’il est aisé de juger que M Descartes n’a jamais songé à en faire un traité régulier et suivi, moins encore à le rendre public.