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iv
PRÉFACE.

A moins que l’on n’écrive la vie d’un homme tellement privé qu’il n’ait été d’aucune profeffîon ôcd aucun état , l’on trouve toujours deux perfonnages à dépeindre dans celuy dont on fait rhiftoire. Quelques-uns ont crû que cette double peinture n’étoit deuë qu’aux Perfonnes publiques. Mais les grands fuccez qu’ont eu plufieurs vies de Particuliers qu’on a vu paroitre principalement dans notre fiécle, nous ont fuffifamment convaincus que pour avoir deux vifages il n’eft pas toujours nécelTaire d’être fur le timon d’un Etat, ou au milieu des Armées, ou à la tefte des Compagnies fouveraines, ou enfin fur un fiége de Prélature. Il fuffit pour cela d’avoir eu de la relation avec d’autres hommes, eût-on paru enfeveli toute fa vie dans une cellule ou dans un cabinet.

La condition d’une Perfonne privée que M. Defcartes avoit choifie ne l’avoit pas entièrement exclus du commerce avec le genre humain. Il a donc fallu repréfenter en luy non feulement l’homme intérieur dans fes mœurs, fes fentimens, & fa conduite particulière ; mais encore l’homme de dehors, je veux dire le Philofophe ôc le Mathématicien dans ce qu’il a produit au