Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

Frédéric V, que les etats de Bohéme avoient élû pour leur roy quatre jours avant le couronnement de l’Empéreur Ferdinand Second, que l’on vouloit exclure du royaume de Bohéme par cette entreprise.

L’engagement où se trouva M Descartes par cette déclaration, ne luy causa point d’embarras, parce que son dessein n’étoit pas de servir autrement sous le Duc De Baviére, qu’il avoit fait sous le Prince D’Orange. Mais pour donner plus de jour à cet endroit de sa vie qui en est devenu l’un des plus importans par les occupations d’esprit, que luy procura le quartier d’hyver qu’il passa en Allemagne : il est bon de reprendre l’histoire de ces troubles de Bohéme dans leur source, et de faire un petit abrégé de leurs suites jusqu’au têms que M Descartes en fut le spectateur.


Les troubles excitez en Bohéme étoient venus de la vaine espérance que les hussites et les autres protestans du royaume avoient euë, de pouvoir secoüer le joug de la maison d’Autriche. Ils étoient las d’obéïr à des rois catholiques : et voyant que l’Empereur Mathias, et les Archiducs Maximilien et Albert ses deux fréres étoient sans enfans et fort valétudinaires, ils se promettoient de se donner un roy de telle religion qu’ils le souhaitoient, aprés la mort de ces princes. Mais lorsqu’ils virent l’Empereur Mathias du consentement des deux princes ses fréres pourvoir à sa succession par l’élection qu’il fit faire l’an 1617 de son cousin germain Ferd D’Autriche Archiduc De Graecz à la couronne de Bohéme, ils se soulevérent, et protestérent contre cette élection. Elle étoit néanmoins trés-légitime. Ferdinand étoit le prémier prince du sang royal de Bohéme, seul héritier de