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la couronne en tête sous un dais porté par les mêmes personnes que devant. Les electeurs de Mayence et de Cologne marchoient ensemble aprés l’empéreur. Tous étoient à pied, et allérent en cét ordre jusqu’à la cour par le pont du Mein couvert de tapis rouges, dont la prémiére piéce fut mise en morçeaux par le peuple, dés que l’empereur fut passé. Ils étoient suivis de trois officiers de sa majesté impériale, montez à cheval, et jettant au peuple des pieces d’or et d’argent qui étoient des jettons de deux espéces, sur le revers desquels étoit gravé le jour du couronnement.

Quand on fut arrivé à la cour, les grands officiers de l’empire se mirent en devoir de faire leurs charges pour l’écurie et la cuisine selon l’ancienne coûtume : et l’empereur fit un festin somptueux, où chacun se trouvoit assis selon son rang, comme il est porté par la bulle d’or.

Voilà ce que M Descartes fut curieux de voir une fois pour toute sa vie, afin de ne pas ignorer ce qui se représente de plus pompeux sur le théâtre de l’univers par les prémiérs acteurs de ce monde. Il resta encore quelques jours à Francford, et il fut spectateur des courses à cheval, et des autres réjoüissances de la cour impériale, jusqu’à ce que les ambassadeurs des electeurs séculiers fussent retournez prés de leurs maîtres. Il délibéroit du parti qu’il avoit à prendre, lorsqu’il apprit que le Duc De Baviére levoit des troupes. Cette nouvelle le fit partir dans le dessein de s’y mettre, sans sçavoir précisément contre quel ennemi l’on préparoit ces troupes. Il ne pouvoit pas ignorer le bruit que faisoient les troubles de Bohéme par toute l’Allemagne. C’est tout ce qu’il en sçavoit. Comme il se soucioit peu d’entrer dans les intérêts des etats et des princes, sous la domination desquels la providence ne l’avoit pas fait naître, il ne prétendoit pas porter le mousquet pour avancer les affaires des uns, ni pour détruire celles des autres.

Il se mit donc dans les troupes bavaroises comme simple volontaire sans vouloir prendre d’employ : et l’on publioit alors, mais en général, qu’elles étoient destinées contre le bâtard de Mansfeld, et les autres généraux des révoltez de Bohéme. Mais le Duc De Baviére fit connoître peu de têms aprés, qu’elles devoient marcher contre l’electeur palatin