C’était un beau vieillard, de très haute taille et portant gaillardement ses quatre-vingts ans.
— Puisque j’ai l’honneur de vous rencontrer, monsieur le préfet, lui dis-je, je serais heureux de vous entendre confirmer les paroles que feu l’empereur Guillaume vous aurait adressées à l’Hôtel de Ville en 1867.
— C’est tout ce qu’il y a de plus exact, me répondit le baron Haussmann, et bien mieux, le lendemain, je conduisis le roi accompagné de M. de Moltke sur les hauteurs de Montmartre. « Tenez, monsieur le préfet, me dit encore le roi en étendant le bras dans la direction de Romainville, j’étais campé là en 1814. — Ah ! oui, Sire, lui répondis-je, mais aujourd’hui il y a un fort. » C’était, ajoutait le préfet, un petit correctif à ses souvenirs qui finissaient par ne plus être très aimables.
Qui pouvait penser à ce moment que Guillaume et son compagnon cherchaient déjà de l’œil la place où, trois ans plus tard, ils devaient planter leur tente. Un auteur l’a dit : le voyage de M. de Moltke et de son maître en 1867 ne fut pas un voyage d’agrément, mais une véritable reconnaissance militaire.
En novembre 1886, c’est-à-dire dix-neuf ans après cette brillante époque de l’Exposition, apogée