fait la même remarque. J’eus un moment d’angoisse.
— C’est vrai, mon général, m’empressai-je de répondre, mais je me porte bien et j’ai le désir de passer sous-officier.
— Enfin, dit-il, allez, et bonne chance.
Je saluai, tournai militairement sur les deux talons pour faire face en arrière, comme dit la théorie, et je ne fis qu’un bond jusqu’au quartier pour écrire bien vite à mes parents cette heureuse acceptation.
En septembre 1865, mon père fut nommé juge au tribunal de la Seine. Le regret de quitter la robe rouge était atténué par le plaisir de venir à Paris où l’appelaient ses parents et ses relations. Il était du reste en droit d’espérer qu’on le dédommagerait bientôt. Mais la justice des hommes est souvent bien lente à se manifester, car il dut attendre neuf ans un siège de conseiller à la Cour, après avoir pendant huit ans rempli les dures fonctions de juge d’instruction.
Comme il l’avait fait lors de mon entrée au régiment, mon père désira me conduire à Saumur. Les cours s’ouvraient dans les premiers jours d’octobre.
Nous fîmes route avec un très gentil brigadier du 2e cuirassiers de la Garde s’appelant Clavier.