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et la musique jouait l’air de cette romance du premier Empire[1] :

Vous me quittez pour aller à la gloire,
Mon triste cœur partout suivra vos pas,
Allez, volez au temple de Mémoire,
Suivez l’honneur, mais ne m’oubliez pas.

L’aigle allait se placer au centre de la ligne et le colonel commandant le château, ou le général aide de camp de l’Empereur de service passait l’inspection. Souvent le Prince Impérial, accompagné de l’Impératrice, se montrait à une des fenêtres et demandait qu’on fît faire devant lui quelques mouvements. La cavalerie après les exercices de l’infanterie exécutait une charge, ou, si c’étaient les lanciers, l’exercice de la lance.

Le pauvre enfant, appelé à de si hautes destinées, n’entrevoyait certainement pas à ce moment la triste fin qui devait l’attendre quelques années plus tard au pays des Zoulous. Il était heureux et fier de contempler ces belles troupes, et les spectateurs, encore sous l’impression de cette émouvante réception du drapeau, trouvaient certainement avec lui que la France était alors bien grande et que Dieu la protégeait.

La garde se formait ensuite pour le défilé et,

  1. M. de Ségur avait composé les paroles, et la reine Hortense la musique de cette romance.