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La troupe alors se remettait en marche et tambours battant, clairons sonnant, fifres et musique jouant, elle débouchait dans la cour du château précédée de son superbe tambour-major couvert d’or sur toutes les coutures, secouant le haut panache de son colback et faisant décrire à sa canne des cercles toujours très appréciés par la foule. Cette foule s’écoulait en tournant rapidement le guichet dont l’entrée lui était interdite, arrivait sur la place et venait s’entasser aux grilles pour assister à la suite d’un spectacle qui plaira toujours aux Français.

La troupe se formait en bataille face au château, la cavalerie à la gauche de l’infanterie.

Lorsque onze heures sonnaient à la vieille horloge, un roulement de tous les tambours se faisait entendre et la voix de l’officier supérieur de garde commandait de porter, puis de présenter les armes. Les factionnaires du pavillon central exécutaient le même mouvement, et alors apparaissait sous le balcon, et encadré par deux sous-officiers décorés, le drapeau de l’Alma et de Solférino ; la soie en était toute noire et trouée par les balles russes et autrichiennes. Les tambours et clairons faisaient retentir les murs du vieux palais de la belle batterie au drapeau,