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même à l’Opéra. Chose extraordinaire, cette musique avait été tirée au sort parmi toutes celles des régiments d’infanterie autrichienne, au lieu que les autres nations avaient choisi leur meilleure musique. Je me souviens que la Russie avait envoyé celle des chevaliers-gardes. La Prusse était représentée par la musique des fusiliers de Poméranie dont le chef composa à cette époque et dédia à Mme la maréchale Canrobert la polka de l’Enclume qui eut pendant longtemps un succès mérité.

L’anecdote suivante touchant le baron Haussmann et le roi de Prusse me revient à propos de l’Exposition.

On raconta que le roi de Prusse, reçu au bal de l’Hôtel de Ville par le préfet de la Seine, lui aurait adressé, en entrant, une phrase qui marque le peu de tact et de générosité dont sont dotés nos voisins d’outre-Rhin : « Monsieur le préfet, aurait dit le roi, je n’étais pas venu à Paris depuis 1814 ; je le trouve bien changé. »

J’ai eu occasion, vingt ans plus tard, d’être présenté un jour à l’ancien préfet de la Seine, le grand préfet, comme on l’appelait, et il mérite ce nom, car il est le créateur du Paris actuel. Il me parla de mon père dont il était le contemporain et avec lequel il avait été au lycée Louis-le-Grand.