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de ce genre étaient pendant longtemps le sujet de toutes les conversations et ne contribuaient pas peu à entretenir le dévouement des troupes. Quelques semaines après s’ouvrait l’Exposition universelle et l’Impératrice devait à cette occasion recevoir aux Tuileries les hommages de tous les souverains de l’Europe.

Je la vis sortir du château le soir de la représentation de gala à l’Opéra.

Le roi Guillaume de Prusse était à ses côtés, et ils occupaient avec l’Empereur une voiture de cérémonie à six glaces qui permettait d’admirer l’Impératrice éblouissante de diamants et portant une robe de gaze blanche qui ajoutait à sa beauté un je ne sais quoi de vaporeux et d’idéal.

La foule maintenue sur les trottoirs laissait libres et brillamment illuminées les rues de Rivoli et de la Paix et le boulevard des Italiens jusqu’à l’Opéra, situé à cette époque rue Le Peletier. Il est difficile de donner une idée de l’effet que produisait, par une belle nuit de juin, ce cortège des souverains passant au grand trot dans les voitures dorées de la cour et escorté du magnifique escadron des cent-gardes.

Pourquoi, hélas ! toutes ces magnificences ne sont-elles plus pour nous qu’à l’état de souvenir.