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plusieurs jours de cette petite revue intime, si j’ose m’exprimer ainsi, car il ne devait y avoir que notre brigade. Pour moi, jeune maréchal des logis de vingt ans, c’était une véritable joie de voir de près et à cheval l’Impératrice et d’être passé en revue par Elle.

Quand on a cet âge et qu’on est Français, on a de ces enthousiasmes. Ils paraîtront peut-être bien étonnants à la génération actuellement sous les drapeaux ? Ce n’est pas sa faute, on ne l’a habituée qu’à voir le chef de l’État représenté par un monsieur plus ou moins laid, portant un chapeau rond comme tout le monde et ressemblant à tout le monde.

Vers deux heures, on vit poindre, dans l’avenue aboutissant à la Cascade, l’état-major impérial et bientôt j’entendis la voix du général de brigade qui commandait : Garde à vous !Pour mettre le sabre à la main ! Dans ce temps-là les généraux et les colonels ne craignaient pas probablement de s’enrouer, où peut-être étaient-ils plus fiers de leurs voix ; bref, ils n’avaient pas, comme aujourd’hui, recours à tout moment à leur trompette d’ordonnance.

Au commandement des colonels, toutes les lames de sabre des dragons sortaient des fourreaux comme un éclair et nous portions la lance.