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Le gardien, qui ignorait le rang de l’auguste visiteuse, dont le visage était couvert d’un voile épais, allégua que sa consigne lui défendait de laisser pénétrer dans le cachot sans une permission spéciale. L’Impératrice s’étant fait reconnaître, toutes les portes lui furent ouvertes, et il paraît qu’elle resta plus d’un quart d’heure dans ce triste réduit, abîmée dans ses réflexions, et elle en ressortit les yeux pleins de larmes. Ses ennemis lui ont quelquefois reproché sa légèreté. Ils reconnaîtront cependant qu’elle s’est toujours montrée dévouée, courageuse et bonne.

Qui ne se rappelle sa ferme attitude auprès de l’Empereur lors de l’attentat Orsini ? Son nom n’est-il pas resté attaché à la fondation d’une masse d’asiles pour l’enfance, la vieillesse et les malheureux ? Et la ville d’Amiens se souviendra toujours de sa visite aux cholériques, lors de la terrible épidémie de 1866.

Nous ne pouvons oublier, à l’occasion du choléra de 1866, un bien joli mot de l’Impératrice. C’était à l’hôpital Beaujon à Paris. Comme un malade auquel elle venait d’adresser quelques paroles lui répondait dans son trouble : «Oui, ma sœur, » la digne fille de Saint-Vincent-de-Paul, qui se trouvait à son chevet, lui fit observer que c’était l’Impératrice. « Ne le détrompez pas, dit